L’évolution de la délinquance juvénile en france
Laurent MUCCHIELLI, Sociologue, chercheur au CNRS, enseignant à l’Université Versailles Saint-Quentin en Yvelines, directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP, www.cesdip.com). Auteur de nombreux travaux sur la sociologie de la délinquance, sur les politiques de sécurité et de prévention ainsi que sur les émeutes urbaines. Texte communiqué à partir de la rencontre-débat du 15 Avril 2007 : Bandes de jeunes et violences des mineurs au quotidien : analyse et prévention organisée par le Centre de Ressources Politique de la Ville en Essonne. ontrairement à ce que l’on pourrait croire à l’écoute d’un débat médiaticopolitique très prolixe sur le sujet, décrire l’évolution de la délinquance juvénile est une entreprise intellectuelle et scientifique difficile. Il est en effet quasiment impossible de séparer l’évolution des comportements délinquants de celle de leur incrimination juridique et de leur poursuite effective par les multiples agences de contrôle social : la police et la justice, certes, mais aussi les établissements scolaires, les transporteurs, les diverses institutions de prise en charge de la jeunesse. Les comportements évoluent, mais nos représentations et nos seuils de tolérance évoluent aussi, et enfin notre droit pénal et son application évoluent également, surtout depuis le début des années 1990 (voir l’annexe de ce texte). Aux Etats-Unis, il existe depuis un demi-siècle des enquêtes de délinquance auto-déclarées qui peuvent résoudre en partie ce problème, mais leur importation en France est trop récente (1999) pour autoriser une comparaison dans le temps. Le mieux que l’on puisse faire est donc de présenter les diverses données disponibles, en expliquant bien leur mode de production, puis de tracer quelques hypothèses interprétatives. Je ferai ce travail en distinguant l’évolution générale de la délinquance juvénile dans les données institutionnelles