Atim, hagard, s'interrogea subitement. En une fraction de seconde, il lui semblait s'être écoulé des décennies. Abîmé dans ses songes, il succomba à son extrême réflexion. Nassara lui adressait un regard torve, récidivant son inconcevable requête.
« Atim, je souhaiterai t'adopter. Je veux que tu deviennes publiquement mon fils. »

Sa situation était déjà dolente, de par sa nature propitiatoire à l'hésitation et au questionnement perpétuel ; en effet, concilier le désir de son grand-père et la conservation de sa toute fraîche relation avec Nassara s'avérait être un accomplissement chimérique. Sa condition, aussi complexe que le plus tortueux des casse-tête, devait concevoir un aboutissement à travers un choix, aussi cornélien soit-il. Sa raison ferraillait ses ressentiments dans une escarmouche spirituelle incessante et harassante. Plébisciter une des deux alternatives engendrerai bien malgré lui un impérieux déchirement duquel il aurait bien du mal à se remettre.

Servir les liaisons du sang, et honorer le serment solennel déclamé devant son grand-père, ou épauler l'individu jadis anonyme, abhorré de par ses actes, et désormais presque révéré dans sa fonction de père d'adoption. Le dilemme, qui quelques mois plus tôt ne lui en serai en aucun cas paru un, suscitait chez Atim de troublante affres, une sorte de dysfonctionnement mécanique incoercible.

Sur un flanc, il y avait la vendetta, les représailles surannées, ne prenant leur entendement que dans l'assouvissement de la vengeance de son grand-père, malgré la criante affliction que cette dernière entraînerait dans l'âme d'Atim. La conscience de son père biologique trouverait alors une rédemption, comme rachetée par la chair de sa chair, enfin réhabilitée à sa juste valeur.
Du second côté, il y avait l'absolution, l'amnistie complète, adoucissant les bourrèlements de son esprit affaibli par la tourmente, lui déférant un nouveau départ, une famille neuve, la stature d'un père, abdiquant sa vindicte au