Émotions et révoltes dans l'armée et la marine : la décomposition de l'armée royale.

En 1789, la France consacre près de 30% de son budget à l'armée 1, mais cet appareil militaire n'est pas sans défaut. Cette armée puissante est aux ordres du roi, ce qui n'est pas le cas de toutes les armées d'Europe, et le recrutement est lui aussi contrôlé par l'administration royale. L'armée est traversée de crises internes telles que la remise en cause de la milice (considérée comme un « impôt » injuste), le blocage de la hiérarchie militaire au travers du prisme de la hiérarchie sociale (notamment depuis les réformes des années 1780-1790), la dénonciation de la stricte discipline au sein des rangs, et des problèmes financiers récurrents. La marine accuse ainsi 400 millions de dettes, essentiellement en retard de paiement. L'état critique des finances, et l'impossibilité de réformer le système fiscal, sont à l'origine de la convocation des Etats généraux par Louis XVI en mai 1789 à Versailles. Cela qui donne lieu à des attentes massives de la part de la population, qui s'inscrivent dans les cahiers de doléance. Après les premières sessions, les représentants du Tiers se font de plus en plus demandeurs d'un partage du pouvoir, en réaction de quoi la noblesse se rallie autour du roi. La situation dans Paris et dans sa région devient rapidement explosive. L'avenir de la Révolution dépend de l'armée. Celle-ci peut en effet la favoriser, ou au contraire l'entraver. Toutefois, l'armée n'agit pas indépendamment du processus révolutionnaire, elle en est à la fois un acteur à part entière, et est elle-même L'armée royale est traversée durant la période 1789-1791 par des « émotions », autrement dit des périodes d'agitation, de conflits, de réclamations, qui parfois tournent en révoltes voire en insurrection. Comment cet enchaînement de crises internes dans l'armée entre 1789 et 1791 va-t-il mener à la décomposition de l'armée royale, et ouvrir la voie à une recomposition de celle-ci ?