Étude scène d'exposition en attendant godot, s. beckett
En 1938 paraît Murphy, son premier roman en anglais, avec un humour cynique mais une fac-ture classique. Beckett s'installe à Paris définitivement à partir de 1938 (actif pendant la guerre dans un réseau d'information de la résistance) et commence à publier ses œuvres en français à partir de 1945 (...)
En attendant Godot est la première pièce composée en français par Samuel Beckett.
Elle a été créée et publiée en 1953.
Jouée, depuis, sur les principales scènes du monde, dénigrée avec passion et applaudie avec plus de passion encore, elle a apporté la gloire à son auteur.
Une pièce aussi résolument nouvelle devait forcément provoquer des réactions violentes : anecdote, psychologie, sociologie, politique, lyrisme, religion, morale et satire, tout ce à quoi l'art théâtral, depuis Eschyle, s'était appliqué, se trouvait relégué, superbement, au rang des accessoires. Avec l'audace du génie, Beckett mettait en scène une révolte, une souffrance, un désespoir si absolus que c'était une gageure de les faire descendre sur les planches, lieu où le manque de mouvement, de brillant, de vivacité, de fantaisie et d'éclat (toutes qualités qui pouvaient sembler, à priori, incompatible avec un thème aussi philosophique) voue fatalement à l'échec.
Mais il avait assez de tours dans son sac pour se le permettre. La pénible absurdité de la vie est un trop gros morceau ? Qu'à cela ne tienne. Elle se reflète dans une foule de détails très simples, très humbles, très quotidiens dont il est facile (quand on est Beckett) de tirer des gags extrêmement savoureux. Elle perce dans les banales formules de la conversation courante. Point n'est besoin de grands mots, les plus plats suffisent. Employés avec une feinte naïveté, ils