être chrétien au moyen âge
Le nom même de « mission » revêt un sens particulier, au moins jusqu'au XVIe sièclesiècle, qu'il faut expliquer : il fait référence à l'envoi du Fils par le Père pour sauver les Hommes ; le missionnaire est donc l'« envoyé » (missus) pour le salut. Une idéologie liée à ce sens sedéveloppe, notamment aux VIIe et VIIIe siècles : dans celle-ci, l'action du missionnaire s'inscrit dans le cadre plus vaste de la propagation de la foi et de l'expansion de l'Église catholique jusqu'auxconfins de la terre, dans une perspective eschatologique, qui est celle du salut de l'humanité.
À travers la mission, l'évangélisation gagne incidemment un caractère « national » plus affirmé :l'évangélisation et la naissance d'une Église peuvent correspondre à la naissance ou à l'affirmation de l'identité d'un peuple (latin gens) chrétien issu d'une nation « barbare » (latin natio). C'est,par exemple, ce que décrit Bède le Vénérable dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais (latin historia ecclesiastica gentis anglorum) achevée vers 732. La notion de « peuple élu », tellequ'elle est exprimée dans l'Ancien Testament, a un rôle à jouer dans cette évolution : ainsi Bède considére-t-il que son peuple a servi les desseins de Dieu en envahissant les terres des Bretons touchés parl'hérésie pélagienne. Encore selon cette idéologie, les Anglo-Saxons ont un autre rôle à jouer en apportant les Évangiles dans les régions d'où ils sont originaires et qui sont demeurées païennes... [à