À la recherche du temps perdu
Tout d’abord, il faut comprendre que l’œuvre de Proust n’appartient à aucun courant littéraire fixe, mais qu’elle est, en quelque sorte, un courant à elle seule. Toutefois, on y retrouve des caractéristiques propres à ce qui deviendra l’autofiction et le roman psychologique. Tout d’abord, on dit d’À la recherche du temps perdu qu’elle tient plus de l’autofiction que de l’autobiographie puisque l’auteur refuse de s’identifier à son narrateur, qui porte tout de même son nom. Proust dira lui-même qu’il a « eu le malheur de commencer [son] livre par “je”1». Dans certains articles analytiques, on explique son détachement avec son personnage en disant qu’il n’est qu’un homme entrain de devenir l’auteur, qu’il n’est qu’un fragment de ce qu’était Proust lors de la rédaction de son œuvre. En évoluant, son personnage deviendra lui-même, c’est l’aboutissement de la Recherche. Dans ce sens, on peut dire qu’elle est une autofiction, c’est-à-dire «un récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité2.» Cela en est une description quasi exacte. Également, la Recherche pourrait être considérée comme un précurseur des romans psychologiques qui sont devenus de plus en plus populaires au XXe siècle. En effet, le lecteur plonge tête première dans la tête du narrateur qui lui décrit en détail sa perception de ses souvenirs. Celui-ci fait plus que narrer des événements, il narre les sentiments et les impressions que lui ont laissé ses expériences passées. La subjectivité du personnage donne le ton à tout le roman. On ne peut, toutefois, sortir l’auteur de son contexte : Proust écrit en France, vers 1913. La plupart du temps, il écrit seul, dans sa chambre fermé, la nuit. Il décrit une période de prospérité d’avant-guerre dans laquelle la haute bourgeoisie détient à peu près tous les pouvoirs et tout le capital. On verra tout au long de