Encore une fois le thème du voyage et le ton épique apparaissent d’emblée. La dédicace cette fois-ci semble ironique : « À Edmond Bertrand, barman au Matachine » (jeu de mots qui renvoie aux milliers de Chinois morts pendant la conception du Canal).
Avec ce poème, Cendrars va encore plus loin dans l’éclatement des formes : l’absence totale de rimes s’ajoute à la pratique résolue du vers libre.
Dès l’ouverture du poème, Cendrars semble proposer une contre-histoire du canal de Panama : « Il y a des livres qui parlent du Canal de Panama / Je ne sais pas ce que disent les catalogues des bibliothèques / Et je n’écoute pas les journaux financiers ». Contre-histoire qui s’annonce intime : le poète avoue que le canal de Panama le renvoie à son enfance, quand il jouait sous la table et que sa mère lui racontait les aventures des sept oncles du poète, ses frères à elle. Elle reçoit d’eux des lettres, mais ne les lit pas à l’enfant qui en éprouve de la frustration. À cause du krach boursier du Panama, le père de l’enfant est ruiné, et la famille doit accepter de se plier à un mode de vie plus modeste. Un jour