L’embastillement de l’Ingénu joue un rôle crucial dans l’histoire, car c’est en prison qu’il expérimente la maturation intellectuelle qui lui permettra de passer de l’état de « sauvage » à l’état d’homme civilisé. Ici, c’est sa rencontre avec Gordon qui est mise en évidence. Le vieux janséniste, qui y avait déjà séjourné pour deux années entières, est présenté comme un homme de bien, qui croit fermement en Dieu (à Qui il se réfère comme à la « Providence ») et qui a un « grand fonds d’esprit ». Gordon console le Huron par des paroles de sagesse, sagesse attribuable à son vieil âge, son expérience de la vie et son amour pour la lecture. Il introduit également le Huron à la lecture que celui-ci accueillit joyeusement, puisque son esprit est toujours disposé à apprendre : il a faim de connaissances. Petit à petit, le Huron découvre des vérités qui lui étaient jadis étrangères, et plus il « dévore » ces multiples livres de géométrie, de philosophie ou la « Physique de Rohault », plus il se sent personnellement édifié : « Cette nouvelle lumière l’éclaira. » Le Huron découvre qu’en effet, la lecture ouvre l’esprit et agrandit l’homme,