En 1829, Victor Hugo est un homme jeune et comblé. Il est marié à une femme qu’il aime et qui l’aime, il est père de deux enfants, et un troisième va bientôt naître. Il est un poète reconnu, estimé, admiré : on célèbre son talent. Il fréquente les hommes de lettres les plus en vue, et ce monarchiste soutient le régime en place. Cet homme dont la vie semble idéale va se lancer dans un combat, le premier des nombreux combats qu’il mènera au cours de sa vie, au risque de remettre en cause la belle ordonnance de son paisible quotidien.
Pourquoi Hugo se lance-t-il dans le combat contre la peine de mort, alors qu’elle est considérée, au début du XIXe siècle, comme un des fondements de la société ? Parce qu’elle lui fait horreur, et il se donc sent investi du devoir d’entamer la lutte. Alors Hugo obéit au devoir et porte le fer contre la guillotine. En 1829, le livre est publié sans nom d’auteur, mais l’anonymat est vite percé à jour. L’accueil des critiques est très négatif : on rejette ce brûlot, ce manifeste iconoclaste. Ces critiques, Hugo en donne une synthèse dans l’impromptu qu’il ajoute aux éditi