Quand Le Feu est publié en 1916, c’est un véritable coup de tonnerre. En effet, que savent les populations de l’arrière, c’est-à-dire non combattantes, de ce qui se passe au front ? Elles ont deux sources d’information : les journaux et les permissionnaires. Les journaux sont, dans leur grande majorité, emplis d’articles où l’on décrit une guerre fraîche et joyeuse, où le poilu part joyeusement à l’assaut des tranchées « boches » et massacre allègrement un ennemi couard, mal équipé et mal commandé. Quand le soldat meurt, c’est frappé au cœur, proprement, face à l’ennemi et dans un soupir exalté. Les conditions de vie des soldats sont décrites de façon mensongère : bons repas réguliers, logements confortables et chauffés ; on les envierait presque.
L’autre source d’information, ce sont donc les permissionnaires. Que peuvent dire ces malheureux à leur famille, trop contente de les revoir vivants ? Un mari, un père, un fils, taira à ses proches l’affreuse réalité, afin de ne pas ajouter à leur tristesse. De plus, l’indicible, par définition, ne se raconte pas. C’est pourquoi la lecture du roman de Bar