Pour un bon nombre d’individus, l’illettrisme est une honte. Il est vécu comme un manque d’intelligence, une incapacité d’apprentissage. Et ce manque exige la présence permanente d’un tiers pour aider : l’autonomie n’est pas envisageable. Montrer que l’on ne sait ni lire ni écrire, c’est avouer une grande faiblesse, se mettre à nu. Hanna, qui est forte, fière et qui n’a besoin de personne pour la plupart des tâches éprouve beaucoup de difficulté à vivre avec ce « handicap ». Il est absolument impensable de l’avouer à qui que ce soit, même si sa vie devait être en danger. La honte est si grande, si profondément ancrée en elle, que l’admettre s’apparenterait tout simplement à la mort. À l’occasion de son procès, son illettrisme sera la cause de sa perte. Admettre ce handicap lui sauverait la vie : cela annulerait l’idée qu’elle est l’auteur du rapport dont on l’accuse et lui permettrait de réduire sa peine d’emprisonnement à seulement quelques années. Mais la honte la submerge ; alors qu’elle a devant elle la possibilité d’avouer son illettrisme, elle repousse l’idée et accepte tous les torts qui lui sont
Le Liseur
par Bernhard Schlink
L'illettrisme : une cause de honte
Inscrivez-vous pour trouver des dissertations sur L'illettrisme : une cause de honte >