Il est donc important d’expliciter en quoi ce roman défend si bien la passion d’autrui et adresse un hymne poignant à l’être aimé.
Noël Bouton, dit le marquis de Chamilly, aurait été le destinataire, un officier français envoyé alors au Portugal.
Il est donc intéressant ici de remarquer l’interdit de la passion unilatérale de la nonne esseulée au chevalier couvert d’honneur. Lui bénéficie d’une vie en pleine lumière, il entre au Portugal en conquérant, se déplace sûrement en grande pompe et accorde sûrement peu d’intérêt aux affaires secondaires que celles pour lesquelles il a été envoyé à Beja. Elle demeure dans son couvent, cloîtrée aussi bien par les murs de pierre que ses vœux lui interdisent de quitter, que par sa promesse de faire don de soi à Dieu et de ne jamais goûter à la passion d’un homme fait de chair. Elle vit dans l’obscurité, attendant une possible réponse de son amant qui aurait, selon ses propres termes, « passé les Mers pour te [Mariana] fuir, qui est en France au milieu des plaisirs, qui ne pense pas un seul moment à tes douleurs, et qui te dispense de tous ces transports, desquels il ne te sait aucun gré