Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient

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ADDITION A LA LETTRE PRECEDENTE

Diderot, une vingtaine d'années après la rédaction de cette lettre, formule quelques remarques et additions, dont il a eu l’idée plus tard. Tout d'abord, il a découvert d'autres exemples où l'œil n’est pas forcément utile et ôte parfois la sûreté de la main. Il s'étend surtout sur le cas de Mlle Mélanie de Salignac, privée de la vue presque dès la naissance, qui a une voix douce et qui est très intelligente, malgré son handicap. Elle a reproché à Diderot d'avoir dit que les aveugles étaient cruels ; ils entendent la plainte, et sont tout autant que les autres leurrés quand l'homme qui souffre ne se plaint pas. Elle aime par ailleurs la musique et ne veut pas de la vue, qui n'est plus nécessaire pour elle : « Je me persuade que, distraits par leurs yeux, ceux qui voient ne peuvent ni l'écouter ni l'entendre comme je l'écoute et je l'entends. » Diderot lui a notamment posé la question de la nature de son imagination : « Je lui disais un jour :“Mademoiselle, figurez-vous un cube. – Je le vois. – Imaginez au centre du cube un point. – C'est fait. – De ce point tirez des lignes droites aux angles ; eh bien, vous aurez divisé le cube.

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