Derrière l’apparence d’un romantisme exacerbé orné d’un registre lexical précieux, le roman est ponctué de détails ironiques et réalistes qui permettent à l’abbé Prévost de mener à bien son dessein moralisateur.
À première vue, les personnages semblent idéalisés et pleins de vertus, surtout au début du roman : « Ma belle inconnue savait bien qu’on n’est point trompeur à mon âge ; elle me confessa que, si je voyais quelque jour à la pouvoir mettre en liberté, elle croirait m’être redevable de quelque chose de plus cher que la vie. » Cependant, les qualités des deux protagonistes sont aussi exagérées que les vices d’autres personnages tel le frère Lescaut qui « ne s’était réconcilié avec [sa sœur] que dans l’espérance de tirer parti de sa mauvaise conduite. » On apprécie particulièrement le ton délicat et le vocabulaire précieux du récit qui met en scène des comportements libertins, ainsi que les nombreuses hyperboles propres à la littérature de l’époque telles que l’épithète « mille » (« amitiés », « railleries ») qui donnent à l’œuvre un ton épique.
Peu à peu, le lecteur