Il s’agit très probablement de Neruda lui-même, âgé d’à peine vingt ans au moment où il compose ces poèmes. Il se décrit comme ayant un « rude corps de paysan ». Il est plein de désir pour la femme absente qu’il chante. Il « lance [ses] tristes filets en direction de [ses] yeux océaniques ». Il est seul « comme un tunnel », les oiseaux le fuient. « Je me réveille et parfois des oiseaux qui dormaient dans ton âme s’envolent et émigrent ». Il regrette l’absence de son amante et les sentiments que celle-ci lui inspire : « Comment se fait-il que l’intégralité de l’amour me touche quand je suis triste et que je te sens très lointaine ? ». Il contemple le paysage qui l’entoure en méditant sur les sentiments violents que lui inspire son amante. Il est « celui sans espoir, le mot sans échos, celui qui a tout perdu et qui avait tout ».
Il réfléchit également à sa condition de poète et à sa relation avec sa création : ses mots « s’amoindrissent » afin que la femme puisse l’entendre. Ses mots autrefois « peuplaient la solitude [qu’elle] occupe » à présent, ils sont « plus habitués à [sa] tristesse