Acte i, sc.1 (v. 78) l’exposition
Molière est un auteur reconnu et apprécié du roi Louis XIV quand, à l’occasion d’une fête à Versailles, il fait jouer, en 1664, sa comédie, Le Tartuffe. Mais le royaume est alors divisé autour des questions religieuses et le parti des dévots est puissant. Ils s’indignent face à la pièce, et leur cabale oblige le Roi à la faire interdire. Sa représentation ne sera autorisée qu’en 1669 après qu’elle aura été plusieurs fois remaniée.
La scène d’exposition ouvre la pièce. Elle a pour fonction première d’informer sur les personnages et leur situation, sur les événements antérieurs, et sur la problématique de l’action à venir. En même temps, elle doit retenir l’attention du public, aussi bien spectateurs que lecteurs.
En quoi cet extrait répond-il aux exigences d’une scène d’exposition ?
LA FONCTION D’INFORMATION
On découvre la famille d’Orgon à travers le regard réprobateur de Mme. Pernelle, mère d’Orgon, comme un lieu de désordre (v. 7, v. 12). Elle peint un rapide portrait de chacun des membres de la famille, selon leur ordre hiérarchique, avec un blâme pour chacun. La servante correspond, avec son franc-parler, au type traditionnel chez Molière, hérité de la commedia dell’arte. Pour les les jeunes gens au-delà des reproches (un fils indigne pour Damis, une fille libertine et hypocrite pour Mariane), leur faible résistance face aux reproches révèle déjà leur faiblesse. Elmire est la seconde épouse d’Orgon, la première étant « défunte ». Le reproche qui lui est adressé est double : « dépensière », elle gaspille l’argent du ménage, dans une famille bourgeoise dont l’économie est la vertu principale et aux v. 31-32, implicitement, on reconnaît un reproche d’immoralité. Enfin Cléante aurait des « maximes de vivre » qui heurtent l’honnêteté, c’est-à-dire la morale, il serait donc un libertin.
=== Dans tous ces cas, ces personnages, libérés des valeurs morales traditionnelles, entrent en conflit avec une morale