Aisance langagiere et situation familiale en guadeloupe
L'un des principaux facteurs d'échec aux Antilles françaises reste la pauvreté linguistique. Plusieurs causes ont été avancées, dont le contexte socio-économique particulier dans nos contrées, mais je dirais que c'est plutôt à cause de la diglossie mal assimilée. Dès le plus jeune âge, le petit Guadeloupéen entend indifféremment parler deux langues : le créole, véritable cri du cœur, utilisé dans les moments « chauds », quand il a fait une bêtise, expression de la joie ou de sentiments parfois violents ; le français, par contre, dont la maîtrise est gage d'ascension sociale, fait appel à d'autres comportements. Malgré des capacités sensori-motrices tout à fait normales, nos enfants accusent un fort retard de langage, un déficit verbal portant à croire qu'ils sont en déficience. Il n'en est rien. Ces enfants n'ont à leur disposition qu'un nombre limité de mots, d'informations pour s'exprimer, pour dire ce qu'ils ressentent, pour comprendre ce qu'on leur demande, ou les propos banals. Parce que tout cela se fait en français, une langue qu'ils connaissent, mais qu'ils ne maîtrisent pas. Parler veut dire communiquer, mis aussi faut-il le vouloir. Une des pierres d'achoppement de la culture antillaise, est que, contrairement aux théories de Françoise DOLTO, l'enfant n'est pas une personne sous nos latitudes. On décide de tout pour lui, on le chasse quand il se trouve en présence des adultes, créant par là un sentiment d'être à part, et de rechercher ses pareils. Les enfants ne reçoivent pas les éléments du langage, n'éprouvent aucune appétence pour le français. Ils se développent à part, s'approprient la langue à leur façon. La langue créole ne s'enseignait pas, mais sa connaissance était spontanée. Un adulte interdit à ses enfants de parler créole, il ne s'adresse pas à eux en cette langue ; mais en cette langue qu'il s'exprime à la moindre occasion, avec ses amis, d'une façon spontanée et