Analyse conversationnelle
L’ANALYSE CONVERSATIONNELLE
Teodora CRISTEA Qui suis-je pour lui parler ainsi ? Qui es-tu pour que je te parle ainsi? Qui crois-tu que je suis pour que tu me parles ainsi ? Francis Jacques
D’une linguistique de la locution vers une linguistique de l’interlocution a linguistique structurale et la linguistique générative-transformationnelle sont essentiellement centrées sur la dimension locutoire qui prenait en compte la structure indépendamment de l’instance discursive. Bien qu’ayant élaboré de puissants outils d’analyse, cette linguistique dite de locution se maintient au niveau de la phrase conçue comme une entité abstraite décomposable en parties constitutives et considérée hors contexte. «La relation dialogale est à peu près ignorée dans la tradition structuraliste, préoccupée par la langue en soi, comme si personne n’affirmait, ne niait, n’interrogeait, n’invitait, ne s’exclamait; personne ne recevant de parole, personne aussi bien ne répond, n’exécute, ne réagit » [11, p. 235]. En constatant que le sens de certaines phrases et surtout de certains éléments reste indéterminé en dehors de toute situation communicative, les linguistes en sont venus à s’interroger sur l’usage communicationnel de la langue en action. Parallèlement, on s’éloigne peu à peu du schéma traditionnel, linéaire et à sens unique, de la communication de type « télégraphique » pour adopter une représentation qui inclut la rétroaction (feed-back). Ce changement de perspective est gros de conséquence pour la linguistique. Le va-et-vient de la parole suggère une interaction langagière (action et réaction), en entendant par là l’influence réciproque que les partenaires exercent sur leurs actions respectives, influence capable d’entraîner des modifications dans le comportement verbal ou non verbal des participants.
La structure dialogique de l’énonciation Si dans une première étape du développement de la théorie de l’énonciation, le locuteur est considéré comme