Analyse Otto dix danse des morts
Les eaux-fortes présentées ici appartiennent à un cycle de gravures intitulé « La Guerre » et réalisé par Otto Dix en 1924. Il s’agit de cinq albums comprenant chacun dix gravures. Ces derniers s’inscrivent dans la continuité de dessins réalisés sur le front de 1915 à 1918 par le peintre, engagé volontaire dès l’entrée en guerre de l’Allemagne en août 1914. L’essentiel de ce cycle a trait à la représentation des morts, corps atrocement mutilés, en phase de décomposition. En quoi l’acte pictural sur le corps des morts contribue-t-il à révéler un traumatisme ? Analyse des images
Avec un souci inouï du détail qu’accentue l’intensité du clair-obscur, le peintre s’attache ici à représenter la déshumanisation des corps et la bestialité de la mort : « La guerre, c’est le retour à l’animalité : la faim, les poux, la boue, ce bruit infernal… En regardant les tableaux d’autrefois, j’ai eu l’impression qu’on avait oublié un aspect de la réalité : la laideur », indiquait Dix. Il insiste tout particulièrement sur les visages et sur les mains des morts qui révèlent au mieux, l’expression de la souffrance des corps devant la mort. La technique de la gravure à l’eau-forte, à laquelle Dix travailla dès 1920, autorise une grande variété d’effets graphiques, depuis les fines hachures, la simple esquisse des contours jusqu’aux traits plus espacés. Elle contribue ainsi à renforcer l’idée de réel donnée aux compositions : « Purifier les acides, les recouvrir d’aquatinte, bref, la technique merveilleuse grâce à laquelle on peut travailler par étapes, tout à son gré. Du coup, le travail devient suprêmement intéressant. Lorsque l’on grave à l’eau-forte, on devient un véritable alchimiste. » La gravure à l’eau-forte permet à l’artiste de se remettre à l’ouvrage dès que la planche a été recouverte en partie d’une nouvelle couche de vernis à l’asphalte. Dix peut ainsi reconstituer les étapes de la destruction, suggérées par les degrés de mutilation des corps, en