Charles Baudelaire rencontra Jeanne Duval, la plus grande inspiratrice de sa vie, durant un voyage à l'île Maurice. Cette jeune actrice métisse que l'on surnommait la « Vénus noire » entretiendra avec le poète une liaison très passionnée et sensuelle. Elle lui inspirera tout un cycle de poèmes qui figureront dans la première section : « Spleen et Idéal » des Fleurs du Mal, parue en 1857. Le poème « Parfum exotique » illustre le pouvoir de Jeanne Duval sur les sens et l'âme du poète : le parfum seul de la « Vénus noire » le transporte dans un imaginaire paradisiaque.
Il est donc intéressant d'observer le rôle de médiatrice que joue la femme, offrant au poète la possibilité de s'évader du monde réel pour accéder au rêve puis à l'aspect harmonieux et idéalisé de l'univers dépeint par Baudelaire.

La femme est médiatrice entre le réel et le rêve tout au long de ce sonnet. Il évoque un moment heureux d'intimité entre les amants, moment idéal pour rêver.
Au premier vers on aperçoit les conditions propices à la rêveries dans lesquelles Baudelaire se trouve : « Quand les deux yeux fermés en un soir chaud d'automne ». L'attitude de la rêverie est exposée avec « les deux yeux fermés » , et le « soir », et l'automne est la saison de la nostalgie. La chaleur évoquée montre déjà des contrées exotiques. De plus c'est dans un univers clos et protégé que l'imaginaire se déploie : les yeux sont fermés , l'espace est circonscrit par la nuit et il s'agit d'une chambre. Cet espace clos appellera un autre : L'île.
L'évocation du sein apporte une atmosphère intime avec une double connotation érotique et maternelle grâce au terme « chaleureux » L'alanguissement sensuel amène au glissement vers la rêverie et au sentiment lié à une forme de régression enfantine.
Mais la présence de la femme est l'origine de cette rêverie : par son parfum elle emporte Baudelaire vers l'imaginaire par impulsions.
En effet, le verbe attendu après la conjonction « Quand » au premier vers est