Andreïev, leonid : les sept pendus
(Андреев Леонид Николаевич)
1871 – 1919
LES SEPT PENDUS
(Рассказ о семи повешенных)
1908
Traduction de Serge Persky, parue dans La Grande Revue, année 12, n° 15 & 16, 1908, puis en volume, Paris, Bibliothèque Charpentier, 1911.
TABLE
I. À UNE HEURE DE L’APRÈS-MIDI, EXCELLENCE ! 3
II. À LA PEINE DE MORT PAR PENDAISON. 11
III. IL NE FAUT PAS ME PENDRE. 19
IV. NOUS, CEUX D’OREL. 32
V. EMBRASSE-LE ET TAIS-TOI. 42
VI. LES HEURES S’ENFUIENT. 52
VII. IL N’Y A PAS DE MORT. 56
VIII. LA MORT EXISTE ET LA VIE AUSSI. 62
IX. L’HORRIBLE SOLITUDE. 69
X. LES MURAILLES S’ÉCROULENT. 76
XI. ON LES MÈNE AU SUPPLICE. 82
XII. ILS SONT ARRIVÉS. 97
I. À UNE HEURE DE L’APRÈS-MIDI, EXCELLENCE !
Comme le ministre était un homme très gros, prédisposé à l’apoplexie, et qu’il fallait lui épargner toute émotion dangereuse, on prit de minutieuses précautions pour l’avertir qu’un grave attentat était projeté contre lui. Lorsqu’on vit qu’il accueillait la nouvelle avec calme, on lui communiqua les détails : l’attentat devait avoir lieu le lendemain, au moment où Son Excellence quitterait la maison pour aller au rapport. Quelques terroristes, munis de revolvers et de bombes, qu’un agent provocateur avait dénoncés et qui se trouvaient maintenant sous la surveillance de la police, se rassembleraient à une heure de l’après-midi près du perron, et attendraient la sortie du ministre. C’est là que les criminels seraient arrêtés. — Pardon ? interrompit le ministre surpris. Comment savent-ils que j’irai présenter mon rapport à une heure de l’après-midi, alors que je n’en suis informé moi-même que depuis deux jours ? Le commandant du corps de défense eut un vague geste d’ignorance : — À une heure de l’après-midi, Excellence ! Étonné et en même temps satisfait des actes de la police qui avait si bien conduit l’affaire, le ministre hocha la tête ; un sourire