Anthologie de Guillaume Apollinaire
1. La guerre
La France
Poète honore-là Souci de la Beauté non souci de la Gloire Mais la Perfection n'est-ce pas la Victoire Ô poètes des temps à venir ô chanteurs Je chante la beauté de toutes nos douleurs J'en ai saisi des traits mais vous saurez bien mieux Donner un sens sublime aux gestes glorieux Et fixer la grandeur de ces trépas pieux L'un qui détend son corps en jetant des grenades L'autre ardent à tirer nourrit les fusillades L'autre les bras ballants porte des seaux de vin Et le prêtre-soldat dit le secret divin
J'interprète pour tous la douceur des trois notes Que lance un loriot canon quand tu sanglotes
Qui donc saura jamais que de fois j'ai pleuré Ma génération sur ton trépas sacré
Prends mes vers ô ma France Avenir Multitude Chantez ce que je chante un chant pur le prélude Des chants sacrés que la beauté de notre temps Saura vous inspirer plus purs plus éclatants Que ceux que je m'efforce à moduler ce soir En l'honneur de l'Honneur la beauté du Devoir
Note : Le poète veut nous montrer à quel point la guerre est horrible.
Guerre
Rameau central de combat Contact par l'écoute On tire dans la direction " des bruits entendus " Les jeunes de la classe 1915 Et ces fils de fer électrisés Ne pleurez donc pas sur les horreurs de la guerre Avant elle nous n'avions que la surface De la terre et des mers Après elle nous aurons les abîmes Le sous-sol et l'espace aviatique Maîtres du timon Après après Nous prendrons toutes les joies Des vainqueurs qui se délassent Femmes Jeux Usines Commerce Industrie Agriculture Métal Feu Cristal Vitesse Voix Regard Tact à part Et ensemble dans le tact venu de loin De plus loin encore De l'Au-delà de cette terre
Note : Guillaume Apollinaire nous fait