Apollinaire, si je mourais là-bas
À partir d’une copie d’élève, retravaillée. « Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur » écrit Guillaume Apollinaire pour adoucir l’image de sa mort prochaine dans « Si je mourais là-bas… », un poème en alexandrins composé de cinq quintils suivis d’un vers isolé qui constitue à lui seul la dernière strophe.
Apollinaire ayant écrit ce poème avant son départ pour …afficher plus de contenu…
Après avoir analysé la centralité du thème de la guerre, ainsi que la force de la relation amoureuse qui l’unit à Lou, nous montrerons ce qui fait d’Apollinaire une sorte d’alchimiste dans ce poème. Avant tout, la guerre constitue l’arrière-plan de ce poème.
Effectivement, la mort est introduite dès le titre, élément crucial dans la rédaction d’un poème, puisqu’il s’agit des premiers mots lus par le lecteur. Ce titre est annonciateur de cet univers de guerre et de mort, d’autant plus qu’il est répété dans le premier vers du poème. Ainsi, la conjonction de subordination « si » montre qu’Apollinaire envisage sans retenue la possibilité de mourir, cette condition étant formulée par l’utilisation du …afficher plus de contenu…
De même, le choix de l’impair dans l’écriture (5 strophes de 5 vers) souligne la disharmonie. Ainsi, « Si je mourais là-bas » permet de placer la guerre au cœur de la réflexion du poète
Ensuite, Apollinaire donne à voir une scène d’une grande violence. En plus de la répétition à la rime du complément circonstanciel « sur le front de l’armée » (v.1 et 4), on relève le champ lexical du combat, avec la répétition du mot « obus » aux vers 4 et 5, et le polyptote
« sanglant » et « sang », répété à trois reprises. Le verbe « mourir » apparait lui aussi plusieurs fois, avec une opposition entre le conditionnel du premier vers et le passage au présent au vers
21 : « si je meurs », qui rend le propos moins hypothétique et opère un retour à une