argum cours
A méditer en ces temps incertains … où chacun en appelle à son Dieu en décrétant des prières publiques…
La religion artificielle encourage à toutes les cruautés qu'on exerce de compagnie, conjurations, séditions, brigandages, embuscades, surprises de villes, pillages, meurtres. Chacun marche gaiement au crime sous la bannière de son saint.
Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif - Article Guerre (1764)
EXERCICE
DIDEROT. ‑ Pour moi, je ne doute point que de temps en temps la religion n'empêche nombre de petits maux et ne produise nombre de petits biens.
LA MARÉCHALE. ‑ Petit à petit, cela fait somme.
DIDEROT. ‑ Mais croyez‑vous que les terribles ravages qu'elle a causés dans les temps passés, et qu'elle causera dans les temps à venir, soient suffisamment compensés par ces guenilleux avantages‑là ? Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue la plus violente antipathie entre les nations. Il n'y a pas un musulman qui n'imaginât faire une action agréable à Dieu et à son Prophète, en exterminant tous les chrétiens, qui, de leur côté, ne sont pas plus tolérants. Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue dans une même contrée, des divisions qui se sont rarement éteintes sans effusion de sang. Notre histoire ne nous en offre que de trop récents et funestes exemples. Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue dans la société entre les citoyens, et dans les familles entre les proches, les haines les plus fortes et les plus constantes. Le Christ a dit qu'il était venu pour séparer l'époux de la femme, la mère de ses enfants, le frère de la soeur l'ami de l'ami ; et sa prédiction ne s'est que trop fidèlement accomplie.
Diderot, Entretien d'un philosophe avec la maréchale de*** (1777)
1. En vous appuyant sur un relevé lexical, indiquez le jugement que Diderot porte sur les religions.
2. Quel procédé de style récurrent pouvez‑vous relever dans certaines phrases ? Pourquoi Diderot choisit‑il de mettre en relief ces phrases dans son argumentation ?