Aristote et la hiérarchie des êtres
Chez Aristote, le regard sur le singulier est à son tour un regard bien singulier. Sa singularité, c'est l'universel, non l'anecdotique. Et sa joie, c'est de découvrir à chaque fois dans la singularité, qu'il s'agisse d'une ode, d'un corps ou d'une politique, l'universel énoncé, son universel. Aristote est chez lui dans la singularité, car chaque singularité est une familiarité.Comment se faire comprendre ici? Aristote prend plaisir à investir la diversité parce que cette diversité n'est jamais séparation, injure faite aux causes ou aux principes. À chaque fois, le principe se donne à même la chose, qu'il s'agisse d'un rat, qu'il s'agisse d'une oeuvre, qu'il s'agisse d'un …afficher plus de contenu…
C'est appliquer à la pensée, à l'histoire, à la vérité même un monstrueux mixte d'Héraclite et de Protagoras: l'homme est mesure de toutes ces choses qui s'écoulent. Le monde Aristotélicien semble au contraire encore gros de promesses, comme celui de Descartes, promesses que nous estimons avoir perdues, mais avec lesquelles il est bon de renouer à la lecture des Anciens. Renouer avec le monde d'Aristote, c'est ouvrir les yeux sur des fins qui partout se donnent; fins critiquables, fins illusoires, si l'on veut, mais fins tout de même, dont le sens et le mystère nous échappent encore, mais qui nous rappellent notre idéal philosophique: celui de croire en la raison, en la possibilité de découvrir dans le réel une intelligence qui nous