Art de vivre ou métier de vivre
2197 mots
9 pages
Commençons en comparant deux conduites de vie très différentes : celle de Rousseau dans la 5ième promenade des Rêveries du promeneur solitaire et celle d'Alexandre Jollien, auteur du Le métier d'homme. Le premier, poussé à s'établir sur une petite île, y découvre un bonheur, une jouissance de vivre. Suivant les préceptes épicuriens, Rousseau se laisse en effet séduire par des plaisirs simples comme celui d'étudier la flore ou de se laisser bercer par les eaux d'un lac tout en se délaissant des tracas de la vie quotidienne. Une telle conduite apparaît ici comme un vrai art de vivre, un ensemble de technique qui permettraient alors au philosophe de faire de sa vie une œuvre belle, d'être satisfait de ce que chaque jour lui apporte tout en assumant la responsabilité de ce mode de vie. On retrouve ici les doctrines antiques des eudémonismes qui cherchaient toutes à expliquer comment « bien vivre ». A l'autre extrême on trouve Alexandre Jollien qui, handicapé de naissance, parle lui d'un métier d'homme comme de ce qu'il lui faut répéter chaque jour pour continuer à vivre, pour survivre. Il écrit à cet égard : « Sacré métier d’homme ! Joyeux et austère, il réclame un périlleux investissement de tous les instants. […]Le combat et la joie qui surgissent d’une blessure assumée au quotidien invitent à recommencer sans cesse, à renouveler l’effort, à se remettre en marche et à bâtir sur la faiblesse. ». Ainsi, c'est comme si – en plus de cet exemple particulier d'un infirme – chaque individu avait à apprendre de gestes, des techniques pour faire face à ce à quoi il est confronté quotidiennement, sans nécessairement que ce métier de vivre ne vise à créer une vie belle ou meilleure. Il est bien évident qu'à la présentation de ces deux lignes de vie, tout individu va préférer s'identifier à Rousseau, va vouloir une vie faite de plaisir, de joie, et ce en raison des incitations intenses de nos sociétés pour tous les modes de consommation. Cette majorité de personne a-t-elle