Assemblée plenière du 12 juillet 1991
L’exploitation des eaux du Tigre et de l’Euphrate oppose de façon de plus en plus ouverte ces dernières années les trois pays riverains : Turquie, Syrie et Irak. Les aménagements entrepris sont spectaculaires et les rivalités très vives pour le partage des eaux.
Les données hydrographiques
Le Tigre et l’Euphrate, les deux grands fleuves du Moyen-Orient et leurs affluents, prennent naissance dans les hautes terres enneigées de l’Anatolie orientale (Taurus oriental) et les montagnes du Zagros avant de se déverser dans les basses terres de Mésopotamie. Dans ce «château d’eau», les pluies sont abondantes (plus de 1000mm) et de type méditerranéen, avec des précipitations hivernales (pluie ou neige) et une sécheresse estivale.
L’Euphrate, long de 2700km, prend naissance au nord du lac de Van en Turquie orientale. Après un parcours turc de 420km, il pénètre en Syrie où il s’encaisse légèrement dans un plateau désertique sur plus de 680km. Puis il entre en territoire irakien parcouru sur 1235km essentiellement dans la plaine de Mésopotamie. Il n’est plus qu’une artère d’évacuation et ne reçoit aucun affluent.
Le Tigre (1899km) qui prend naissance au sud du lac de Van coule en Turquie mais ne pénètre pas en Syrie (il est fleuve frontalier sur 44km) ; il s’écoule ensuite directement en Irak où il reçoit en rive gauche de très nombreux affluents bien alimentés issus des monts Zagros. Le Tigre arrose Bagdad qui n’est qu’à 32 mètres d’altitude - alors qu’il lui reste 550km à parcourir. En Basse Mésopotamie, il se jette dans l’Euphrate à Garmat Ali. Les eaux mêlées des deux fleuves constituent sur 170km environ le Chott el Arab, qui débouche dans le golfe Arabo persique. Le Chott el Arab reçoit en rive gauche, les eaux abondantes, tumultueuses et limoneuses du Karun (16 milliards de m3), au parcours entièrement iranien.
Les régimes des deux fleuves sont très comparables : ils sont de type pluvio-nival, marqués par les pluies méditerranéennes de saison