Atala de chateaubrilland
« Une nuit, à la clarté de la lune, tandis que tous les Natchez dorment au fond de leurs pirogues, et que la flotte indienne, élevant ses voiles de peaux de bêtes, fuit devant une légère brise, René, demeuré seul avec Chactas, lui demande le récit de ses aventures. »
Vaincu avec sa tribu par les Muscogulges, le jeune Chactas fut recueilli et élevé par l'Espagnol Lopez. À vingt ans, épris de solitude, il reprit son arc et ses flèches et regagna les bois. Capturé par les Muscogulges, il fut condamné à être brûlé. Mais, une nuit, la fille du chef, Atala, qui s'était éprise du captif, le délivra, et tous deux se réfugièrent dans la savane. Ils y vécurent une idylle, menant la vie simple et heureuse de deux êtres primitifs au sein d'une nature accueillante, la Providence leur prodiguant commodités et enchantements. Mais Atala, qui avait été élevée par sa mère dans la foi chrétienne, devint pour Chactas « un être incompréhensible » : après avoir laissé échapper ces mots : « Où nous conduira cette passion? Ma religion me sépare de toi pour toujours », elle devint triste, montra « une profonde mélancolie ». Pendant des semaines, les fugitifs, quasiment nus, poursuivirent leur marche, mais un terrible orage les obligea à se réfugier dans la forêt. Là, en dépit de leurs épreuves, leur bonheur toucha à son comble puisqu'ils découvrirent qu'Atala était née d'une première union de sa mère avec Lopez, le bienfaiteur de Chactas. Au plus fort de la tempête, tous deux furent recueillis par un vieux missionnaire, le père Aubry, qui leur donna asile et leur promit de les marier.
Pendant qu'Atala reposait endormie, le père Aubry fit visiter à Chactas le