Dans notre effort pour connaître le réel, nous ne partons jamais de rien, et la découverte scientifique s’apparente moins à une illumination qu’à la critique d’anciennes opinions ou de théories déjà vieillies. C’est en ce sens que le philosophe et épistémologue français Gaston Bachelard a pu écrire : « Il n’y a pas de vérités premières, il n’y a que des erreurs premières ». Ces erreurs premières, on le comprend, ce sont les préjugés et les prénotions que la connaissance doit mettre en jugement pour …afficher plus de contenu…

Mais, si les impressions premières sont parfois trompeuses, l’accession à l’objectivité par l’entendement n’en est pas moins elle-même une construction. Ainsi, si nos sens nous fournissent les impressions dont notre idée du cube sera faite, par exemple, c’est l’entendement seul qui nous permet de le percevoir comme une figure à six faces (ex. d’Alain), puisque nous ne voyons jamais simultanément ces six faces que nous savons pourtant lui appartenir par …afficher plus de contenu…

C’est que, contrairement à une idée tenace, la vérité n’est pas une valeur scientifique : rien n’assure que la parfaite adéquation de notre représentation au réel, puisse et doive jamais être atteinte ! La connaissance objective que recherche la science est cette « connaissance approchée » dont parle Bachelard dans un autre ouvrage, connaissance en attente de nouvelles découvertes ou de nouvelles expériences qui viendraient brouiller les anciennes images du monde et réclamer pour elles de nouvelles figures, de nouvelles formulations