Balandier G
Paris, PUF, p. 92-116.
ANTHROPOLOGIE
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STRATIFICATION SOCIALE ET POUVOIR
POLITIQUE
être plus aisément perceptible dans les sociétés les plus simples. Le débat, même réduit à cette formulation sommaire, suggère les ambiguïtés qui obscurcissent la notion de stratification sociale. Des contradictions subsistent quant à la nature des inégalités qu'il convient de considérer pour caractériser cette dernière. Celles qui sont dites naturelles, fondées sur les différences de sexe et d'âge, mais « traitées» par le milieu culturel au sein duquel elles s'expriment, se manifestent dans une hiérarchie de positions individuelles situant les hommes par rapport aux femmes, et chacun de ceux-ci dans leur groupe selon leur âge. R. Linton, à l'occasion d'un article publié en 1940, attire l'attention sur cet
« aspect de l'organisation sociale », Il oppose les Tanala de
Madagascar, présentant une double hiérarchisation des hommes et des femmes selon l'âge et la proximité à l'égard des ancêtres, et les Indiens COmanches, disposant également d'une double hiérarchisation qui place au sommet les hommes dans la plénitude de la virilité et les femmes dans la plénitude de la fécondité. Dans un cas, la hiérarchie est continuellement ascendante et se poursuit dans le monde des ancêtres; dans l'alltre:.cas;~~~lle est ascendante, puis descendante. La prédominancedes valeurs religieuses chez les Tanala, des valeurs _inilitaires chez les Comanches, contribue à expliquer 'cette 'différence, et montre que les critères naturels de « classement» reçoivent leur signification de la culture qui les utilise.
Ces illégalités primaires déterminent déjà des privilèges et des obligations. Elles se compliquent en intervenant dans le champ des relations définies par la parenté et la descendance l, de plus, leur rapport au politique change selon qu'elles fixent les positions respectives des individus ou celles de