Berbere
Les appellations successives de l'Algérie (Étude de toponymie)
On sait que le mot Algérie, qui sert à désigner le pays de ce nom, est une appellation géographique qui par décision du Ministre de la Guerre en date du 14 octobre 1839 a remplacé l'expression peu précise de "Possessions Françaises dans le Nord de l'Afrique p, qui elle-même avait été substituée après la conquête d'Alger à "Régence ou Royaume d'Alger", appellation n'ayant plus sa raison d'être après la disparition du gouvernement du dey.
Cependant le mot Algérie se trouvait déjà dans l'oeuvre de Fontenelle (Entretiens sur la pluralité des mondes, 1686) de même que le mot algérien (Eloges des académiciens, 1708), où M. Maurice Da Costa les a découverts récemment (voir Afrique, février-mars 1954). Si Fontenelle, ou un autre avant lui, a forgé le mot Algérie suivant un système de dérivation familier à la langue française, en prenant comme base Alger, il fallait le retentissement de la conquête pour le lancer dans la circulation des idées et lui donner une audience universelle.
Avant que ce terme ait pris place dans la nomenclature géographique d'une manière exclusive et définitive, le pays qu'il désigne a, dans le passé, porté des appellations diverses dont l'étude n'est pas sans présenter un intérêt géographique, historique et linguistique évident.
L'Algérie fait partie d'une contrée appelée de nos jours Afrique du Nord et qui, dans le passé, en a porté beaucoup. Dans les Siècles obscurs du Maghreb, E.F. Gautier dit que l'Afrique du Nord est un pays sans nom. C'est une boutade. Il serait plus exact de dire qu'elle en a eu trop, d'où une confusion qui déroute