A ses débuts, on considérait l’Arabie comme un « canton isolé de l’univers » qui apparaissait comme voué à une fonction de carrefour, de point de passage très important des caravanes transportant les marchandises de l’Inde vers l’Occident, en passant par l’océan Indien, Aden et le désert. Les villes d’Arabie Centrale et du nord connurent leur âge d’or lors du déclin de l’Arabie Saoudite et lors de la décadence de la fonction dans le commerce de l’époque. Les véritables rois du désert étaient alors les bédouins, pasteurs nomades qu’on opposait aisément aux paysans sédentaires ou aux citadins. Ils sont le véritable centre de la civilisation antéislamique.
Regroupés en tribus, les bédouins vivaient surtout d’élevage, de dattes, de viande de chameau et de lait. Leur vie basée sur le commerce était déterminée par la pluie et les oasis à la saison sèche. Peuple pauvre, les bédouins n’avaient pas d’attachement aux biens matériels. Le pouvoir de la tribu et de son chef s’accroissait proportionnellement au nombre de clans soumis.
Le mourouwwa était la valeur première de cette époque, le mot veut aussi bien dire bravoure, générosité, virilité qu’hospitalité… Les liens du sang déterminaient les membres d’une même famille, ce qui formait le clan ou la tribu. La loyauté à l’égard d’un membre de la tribu était une règle inconditionnelle de la vie communautaire. Les grandes décisions (déplacements, guerres contre d’autres tribus, etc.) relevaient non plus de la seule autorité du chef, mais de celle d’un conseil de famille ou de clans.
Chaque groupe tribal avait certes ses propres divinités, mais la coutume amena des tribus différentes à adorer non seulement leurs propres dieux mais aussi ceux des autres tribus. C’est dans ce cadre économique et social que devait naître l’islam.
Même si cette époque fut qualifiée plus tard de période d’ignorance, les bédouins avaient non seulement une organisation structurée mais aussi une morale et des valeurs propres.

Mahomet (ou