Cadre théorique recherche
1- L’imaginaire comme ressource du réel 1.1-Vers une réconciliation du binôme imaginaire- réel Si aujourd’hui, l’imaginaire est consacré comme un opérateur d’inventivité et de créativité, doté d’une épaisseur qui en fait souvent un facteur d’explication sous-jacent pour expliquer l’innovation technique et sa diffusion, cet engouement pour l'imaginaire n'a pas toujours existé. En nous appuyant sur les travaux de l’universitaire René Barbier, nous pouvons distinguer trois grandes phases qui ont ponctué l’histoire de l’imaginaire qui se sont développée sur la dualité entre réel et imaginaire (Barbier, 97) et qu’il convient de survoler afin d’avancer dans notre recherche. 1.1.1- La phase d’opposition
La première phase correspond à l’instauration du dualisme imaginaire/réel par la philosophie grecque à partir du 5e siècle avant notre ère. On trouvera ainsi d'un côté, la sensation, la perception et, de l'autre, la fantaisie, le rêve, l'affabulation, l'art, sans interaction entre les deux domaines. L’héritage grec va perdurer et s’amplifier à la Renaissance : avec l'abandon de l'idéal contemplatif, s'érigera l'obligation de créer un type de pensée à la fois rigoureux et approprié aux phénomènes. Avec Descartes, reconnu comme le fondateur du rationalisme moderne, beaucoup de philosophes vont juger sévèrement l'imagination en tant que faculté, mode d'exercice de la pensée. L’imaginaire ainsi que ses composés, les mythes, légendes, fictions, utopies ou idéologies sont associés au règne du futile, de la tromperie, des élucubrations et rejeté au nom d’une raison triomphante : « maîtresse d’erreur et de fausseté » pour Pascal (Pascal, 1670) ou une « folle du logis » pour Malebranche (Malebranche, 1674) Alain, puis Sartre, insisteront sur la seule « réalité » matérielle de l'imaginaire. Pour Sartre, il y a bien un « abîme qui sépare l'imaginaire du réel » (Sartre, 1940) Dans