Candide
Partant du postulat qu'à un dieu parfait s'opposent des créatures nécessairement imparfaites, Leibniz démontre que Dieu, dans sa perfection, a créé le moins imparfait des mondes, soit le meilleur des mondes possibles. Il ne nie pas pour autant l'existence du mal mais l'insère dans un contexte vaste, invitant l'homme à le considérer comme un élément inhérent à l'harmonie du monde, à l'image d'un tableau dont « les ombres rehaussent les couleurs ».
Voltaire oppose à cette théorie une splendide démonstration par l'absurde, plongeant avec une apparente désinvolture son héros endoctriné dans toutes les misères du monde. Rien n'échappe au crible satirique de l'auteur. S'il dresse le portrait d'un dieu cruel ayant abandonné les hommes à leur triste sort, il développe surtout les conséquences terribles de la bêtise humaine : guerres atroces, fanatisme, imposture religieuse et monarchique, esclavagisme, vanité, ambition et même ennui sont autant de thèmes fondamentaux qui tissent la trame de l'oeuvre.
Candide trahit, par ses prises de positions, la facette humanitaire de son auteur; Voltaire, ayant fait le tour des désordres humains, conclut son oeuvre sur un tableau champêtre en apparence, mais hautement symbolique, qui reflète l'idée d'un bonheur tout terrestre conquis par la force de l'intelligence. Il prône l'action au détriment des palabres inutiles, attaquant directement les « discoureurs ».
Confiant dans le progrès, Voltaire considère que l'homme doit y contribuer par son travail, et que là réside son propre bonheur.
Le style de Voltaire, considéré comme un modèle, conjugue nombre de qualités : il oppose à la clarté et à la sobriété un rythme trépidant, il joue avec la syntaxe et la grammaire en général afin d'engendrer la drôlerie, il multiplie les