Ce troisième devoir porte sur les poèmes Cage d’oiseau, de Saint-Denys Garneau, et Les Corbeaux, d’Émile Nelligan, que vous trouverez dans le présent document.
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Cage d’oiseau
Hector de Saint-Denys Garneau
Je suis une cage d’oiseau
Une cage d’os
Avec un oiseau
L’oiseau dans ma cage d’os
C’est la mort qui fait son nid
Lorsque rien n’arrive
On entend froisser ses ailes
Et quand on a ri beaucoup
Si l’on cesse tout à coup
On l’entend qui roucoule
Au fond
Comme un grelot
C’est un oiseau tenu captif
La mort dans ma cage d’os
Voudrait-il pas s’envoler
Est-ce vous qui le retiendrez
Est-ce moi
Qu’est-ce que c’est
Il ne pourra s’en aller
Qu’après avoir tout mangé
Mon cœur
La source du sang
Avec la vie dedans
Il aura mon âme au bec.
Source : Hector de Saint-Denys Garneau. Regards et jeux dans l’espace, Anjou, Éditions CEC, 1996, p. 28.
Présentation d’Émile Nelligan
Émile Nelligan (1879-1941) a publié quelques poèmes lorsqu’il était membre de l’École littéraire de Montréal. Ce n’est toutefois qu’après son internement dans un hôpital psychiatrique que la plupart de ses poèmes sont regroupés dans un seul recueil et publiés en 1904.
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Les Corbeaux
Émile Nelligan
J’ai cru voir sur mon cœur un essaim de corbeaux
En pleine lande intime avec des vols funèbres,
De grands corbeaux venus de montagnes célèbres
Et qui passaient au clair de lune et de flambeaux.
Lugubrement, comme en cercle sur des tombeaux
Et flairant un régal de carcasses de zèbres,
Ils planaient au frisson glacé de nos ténèbres,
Agitant à leurs becs une chair en lambeaux.
Or, cette proie échue à ces démons des nuits
N’était autre que ma Vie en loque, aux ennuis
Vastes qui tournant sur elle ainsi