celui qui est
Celui qui est n’est pas, n’est plus, ne sera pas
Quelque chose, quelqu’un : morphose d’au-delà,
D’ici-bas, d’en-deçà toute fin et limite,
Indescriptible essors, pulsation, vie subite.
S’est-il éveillé tôt, trop tôt ? Endormi tard,
Trop tard pour ne pas voir l’avance et le retard
Des aiguilles compteuses accrochées aux pendules
Des couloirs de l’attente et de ses vestibules ?
L’équilibre incertain de l’horloge et du temps
Hésite sa mesure, balbutie les instants,
Remet l’égrainement au hasard, à la chance
D’épiaisons plus sures, de moins vagues naissances.
Les espaces, murés dans leurs silences lourds,
Rebroussent leurs chemins, en remontent le cours,
Renoncent à l’appel des échos et des âmes,
Désinventent les chairs, décomposent les trames
Des destins rabattus à peine bourgeonnés,
Des corps anéantis avant que d’être nés.
Ils s’effritent sans bruit, se dispersent, s’enclosent,
Retombent en sommeil noir et s’y redéposent.
Pas d’étoile à filer, pas de monde à fleurir,
Nulle clé à tourner, nulle porte à ouvrir.
Mangeoire et lit de paille dans les limbes replongent.
L’ombre de nouveau plane et de nouveau s’allonge.
Lui, l’Un sur l’écran danse au ciel clos de la nuit
Blanche qui met son aise à mal et fond de puits,
A vestale d’alarme, à prêtresse anxieuse,
A racine de blé en herbe insomnieuse.
2
A fleur de monde, il saute à cloche-cauchemar
Au bord d’abîmes blancs, débordés de brouillards,
Déportés, en marées folles et ravageuses,
D’îles désenchantées, vagues et merveilleuses.
Le regard chaviré, les yeux sur l’horizon
Rivés, brûlés de sel, consumés d’oraisons,
Il fait le siège ardent, il prie pour l’abordage
De vaisseaux éclatés au chevet de leurs plages.
Fiévreux déboussolé, débaptisé de vent,
Il guette leurs assauts, proue à nord, soute aux dents,
Des mers désorientées dont les chamades fondent
La cadence guerrière et marine du monde.
Et son regard est fixe. Et brûlant. Les espoirs
Les plus inavoués, les plus crus, les