Chapitre 4 et résumé de Thérèse Desqueyroux de Mauriac
Thérèse était demeurée étendue, fumant des cigarettes, les yeux sur les grandes lettres d'or noirci, fixées au balcon d'en face ; puis elle avait déchiré la première enveloppe. Non, non ; ce n'était pas cette chère petite idiote, ce ne pouvait être cette couventine à l'esprit court qui avait inventé ces paroles de feu. Ce ne pouvait être de ce coeur sec car elle avait le coeur sec : Thérèse le savait peut-être ! qu'avait jailli ce cantique des cantiques, cette longue plainte heureuse d'une femme possédée, d'une chair presque morte de joie, dès la première atteinte :
... Lorsque je l'ai rencontré, je ne pouvais croire que ce fût lui : il jouait à courir avec le chien en poussant des cris. Comment aurais-je pu imaginer que c'était ce grand malade... mais il n'est pas malade : on prend seulement des précautions, à cause dès malheurs qu'il y a eu dans sa famille. Il n'est pas même frêle mince plutôt ; et puis habitué à être gâté, dorloté... Tu ne me reconnaîtrais pas : c'est moi qui vais chercher sa pèlerine, dès que la chaleur tombe...
Si Bernard était rentré à cette minute dans la chambre, il se fût aperçu que cette femme assise sur le lit n'était pas sa femme, mais un être inconnu de lui, une créature étrangère et sans nom. Elle jeta sa cigarette, déchira une seconde enveloppe...
J'attendrai le temps qu'il faudra ; aucune résistance ne me fait peur ; mon amour ne le sent même pas. Ils me retiennent à Saint-Clair, mais Argelouse n'est pas si éloigné que Jean et moi ne puissions nous rejoindre. Tu te rappelles la palombière ? C'est toi, ma chérie, qui as d'avance choisi les lieux où je devais connaître une joie telle... Oh ! surtout ne va pas croire que nous fassions rien de