Chateaubriand
« La solitude était la dernière planche sur laquelle j’avais espéré me sauver. » Châteaubriand (1768-1848). Châteaubriand fût l’un des précurseurs du romantisme, courant littéraire apparu au 19e siècle mettant l’accent sur la libre expression des sentiments, et notamment sur la mélancolie et le désespoir. Cette citation ainsi que l’extrait étudié sont tous deux tirés de « René », œuvre écrite en 1802, et ressassent son désespoir, le désespoir étant par définition une perte d’espoir mais aussi la perte du goût à la vie, qu’il éprouvait face à l’amour impossible qui régnait entre sa sœur et lui et qui le poussa à s’exiler en Amérique afin de trouver une issue à son mal-être. Comme le dit le proverbe, il n’y a pas de vie sans espoir, et c’est dans cette atmosphère mélancolique que Châteaubriand nous porte tout au long de cet extrait, ce qui soulève la question de savoir si le désespoir peut disparaître avec le temps. Si l’on considère que le destin de chacun est tracé à l’avance, alors le désespoir peut être vécu comme une fatalité, néanmoins l’on peut trouver un apaisement en tentant de prendre du recul sur les choses et en dédramatisant ses sentiments.
I) Le désespoir comme fatalité
a. La fatalité : Définition
La fatalité défini le caractère inévitable d’un événement, et est donc étroitement liée à la notion de destin. Chacun ayant son propre destin, la fatalité est obligatoire dans le sens où chaque événement de notre vie est défini par avance, on ne peut donc aller contre le cours naturel des choses. Châteaubriand exprime cette fatalité dans cet extrait par un paradoxe en écrivant « le chant naturel de l’homme est triste, lors même qu’il exprime le bonheur ». Cette expression démontre que pour lui, même le bonheur est synonyme de tristesse, le destin de l’homme serait donc d’être triste indéfiniment. Cette même idée est également ressentie lorsqu’il écrit « […] nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré