Chomage et flexibilité
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La flexibilité réduit-elle le chômage?
Arnaud Parienty Alternatives Economiques Pratique n° 046 - novembre 2010 Faut-il supprimer le salaire minimum et les indemnités de licenciement au nom de l'emploi? Malgré leurs efforts, les partisans de la flexibilité des marchés du travail n'ont pas vraiment réussi à établir que celle-ci réduisait le chômage, sans doute parce que le travail n'est pas une marchandise comme les autres. Mais il est probable que certaines rigidités de l'économie française freinent sa modernisation. 1. Une relation empirique incertaine Pourquoi le chômage est-il si élevé, si durable depuis si longtemps en France et dans quelques pays voisins? Une des réponses à cette question cruciale, soufflée par les économistes néoclassiques aux politiques, serait le manque de flexibilité des marchés du travail. Il faudrait donc alléger ou supprimer les règles encadrant les licenciements et celles qui influencent le niveau des rémunérations. C'est ainsi que s'expliquerait le contraste entre le faible chômage des pays anglo-saxons et le chômage de masse de l'Europe continentale: "Les EtatsUnis connaissent le plus faible niveau de chômage, au prix d'une flexibilité accrue du marché du travail" (1). Soucieuse de convaincre ses pays membres des bienfaits de la flexibilité, l'OCDE a tenté de vérifier empiriquement cette assertion. Après avoir construit un indicateur des législations protectrices de l'emploi (LPE, voir encadré ci-contre), ses chercheurs ont mené une étude comparative pour voir s'il existe une relation entre le degré de protection et le taux de chômage. Cette étude conclut qu'il n'y a pas d'effet global mesurable de la rigueur de la réglementation sur le chômage (voir graphique page 129): certains pays sont proches du plein-emploi avec des règles très rigides, comme le Portugal; d'autres connaissent un chômage relativement élevé malgré des contrats très flexibles, comme le Canada. Les deux pays