Commenaire "prière à dieu" montesquieu
Rien d’étonnant à ce que la religion, au XVIIIème siècle, soit l’un des principaux objets de la réflexion littéraire et philosophique : en effet la raison, chère aux écrivains des Lumières, ne peut que se heurter à la question de la foi, en particulier lorsque celle-ci conduit à des pratiques aussi intolérantes qu’incompréhensibles. Ainsi dans les Lettres Persanes, roman épistolaire publié en 1721, Montesquieu ne manque pas de souligner les incohérences de certaines croyances, à travers le regard tantôt ingénu, tantôt lucide de ses personnages orientaux. La lettre 46 en est l’un des plus célèbres exemples : le musulman Usbek semble y prêcher une religion naturelle et universelle, à l’aide d’une parabole confrontant différentes croyances pour mieux dénoncer leur caractère factice. Il s’agit donc d’une mise en abyme, le Persan se faisant porte-parole de Montesquieu et racontant lui-même une histoire pour illustrer son propos. En outre, dans cette histoire s’emboîte un troisième récit, celui de l’homme priant Dieu et lui confiant ses malheurs. Comment la multiplicité des masques utilisés par Montesquieu peut-elle conduire le lecteur vers l’authenticité d’une religion naturelle ? En fait, cet artifice littéraire crée une distance qui donne le sentiment d’avoir affaire à un propos objectif et cohérent. La satire des rites religieux n’en est alors que plus efficace. Cela permet finalement à l’auteur de mettre en valeur les qualités d’une religion où le dogme compte moins que le bon sens.
Dans la lettre 46, Montesquieu se sert d’un double masque, celui d’Usbek et celui de l’homme qui prie, pour mieux garantir l’objectivité de son propos.
En effet, pour avoir une vision globale de la question religieuse et résoudre le problème de la pluralité des pratiques, prendre du recul semble indispensable. Un première distance est d’ors et déjà créée par la forme du roman par lettres, d’autant plus que les personnages