Commentaire Acte II scène 2 Britannicus
Moment volé
Il était là. Assis de biais sur ce vulgaire banc, les mains jointes sur ses genoux nerveux, les yeux fixant un point imaginaire et l’esprit tourné vers une musique que lui grésillaient ses écouteurs.
C’était dans ce moment d’attente qu’il était le plus beau. C’est toujours ainsi, les êtres sont toujours plus beaux dans ces instants simples de la vie où il ne se doute pas qu’ils sont observés. Ils sont certes grandioses quand ils rient aux éclats, parlent fortement ou vous susurrent des mots rares et précieux, mais ils le sont d’autant plus quand vous les observez à l’improviste, le temps d’un instant, ne saisissant qu’un éclat éphémère de leur personne. Vous voyez ainsi leurs mimiques, leurs petits gestes, la manière dont son pied bat la mesure, la façon dont il remet en place ses boucles châtains, son regard posé sur le sol ou sur la foule, cherchant votre arrivée sans jamais vous voir, à votre grand soulagement, car pour encore quelques instants son image est à vous, ce qu’il est vous appartient, vous le voyez, lui, et non ce qu’il montre au monde.
L’Hôtel de ville. Toujours l’hôtel de ville. Et au bout du compte vous ne voyez plus en ce lieu un endroit stratégique pour vous retrouvez mais un lieu magique qui marque le début d’une valse d’heures à deux.
C’est lui le premier. Ca a toujours été lui le premier, pour tout, pour tout dire, tout faire, tout comprendre et tout avouer. Cela vous arrange bien, arriver avant lui vous aurez privé de cette image volée de sa personne et de savoir qu’il vous attend ; vous.
100 mètres vous séparent. 100 mètres face à la mer où le vent comme jaloux cherche à entremêler vos cheveux et où la courte ballade vous fait douter de vous même.
Vous êtes au début du chemin ; sera-t-il là ?
Vous essayez de marcher droit, de ne pas montrer aux passants sans couleurs la joie qui masque la boule au fond de vos entrailles.
Milieu du chemin, une image flou vous apparaît, vous doutez encore