Commentaire de carbonier
Un premier clivage procède de la dualité des points de vue sur lesquels on se place : suffit-il, pour définir le droit, de l'observer (I) ? Ne faut-il pas le vivre (II) ?
– I –
Observer le droit – un droit – du dehors, comme une chose, c'est le point de vue des sociologues (ethnologues, anthropologues), quand ils spécialisent au droit leur discipline originaire. Ils ont alors besoin de définir le droit pour baliser leur terrain scientifique. D'autres normes que le droit (les moeurs, la morale, le langage, etc.) règlent les conduites humaines, sont productrices comme lui de sociabilité. De ce social non juridique, il faut séparer ce qui est proprement le juridique. Les sociologues en sont ainsi venus à proposer des critères de la juridicité, où 1'on peut apercevoir des définitions implicites du droit.
En fait, ils se scindent entre deux critères. Les uns tiennent que le droit se définit, non pas – ainsi qu'il est dit couramment – en ce que ses règles sont susceptibles d'être ramenées à exécution par la contrainte, mais plus précisément en ce que cette contrainte émane d'un pouvoir organisé spécialement à cette fin. Pour d'autres, ce qui définirait le droit, mieux que sa force exécutoire, ce serait paradoxalement sa disponibilité à n'être pas exécuté, à être remis en