« Das System » Stanislas Nordey
Festival d'Avignon 2008
Salle Benoît XII - Vendredi 18 juillet

Un plateau nu, seule une structure métallique recouvre les 3 murs noirs. Sur cette structure : des lignes d’ampoules électriques.

Un acteur entre, (Laurent Sauvage) vient jusqu’au devant de la scène en son milieu, prend la parole. Et capte immédiatement l’écoute. Sa voix, sa façon de dire, sa façon d’être devant nous : C’est déjà du Théâtre, et c’est celui qui nous touche ! Tout est juste, sobre, le ton, le geste mesuré, maitrisé… il est impossible de ne pas l’entendre, de se laisser distraire, de penser à autre chose tant on est aspiré par sa présence. Pas de celle qui en impose, pas de celle qui écrase, juste une vrai présence, un Être parle à d’autres Êtres.

Et après un monologue dont on n’aurait pas voulu qu’il cesse, (on le retrouve avec bonheur vers la fin du spectacle) d’autre acteurs et actrices rentrent en scène ; chacun déversant tout son fiel contre les puissances manipulatrices, (médiatiques, politiques, guerrières, Bush et compagnie) et puis une actrice, Margot Segreto, se distingue et vient porter sa colère d’une force inouïe, elle exulte, jure, vocifère, s’emporte sans jamais tomber dans l’excés. Elle est tellement dans sa colère qu’il semble que c’est la colère qui s’est incarnée en elle. Les mots sont violents, mais sa hargne va au-delà de la violence. Dans sa démesure, c’est vraiment quelqu’un qui s’exprime ici. Cette femme en colère prend à sa charge toutes nos colères rentrées. Ce n’est pas une illuminée, ce n’est pas une folle, ce n’est pas une hystérique. Elle a raison de se lâcher, et ce pétage de plomb est à la hauteur de nos impossibilités de crier notre mal. Elle semble vouloir sortir le spectateur de sa torpeur, le secouer, le réveiller en lui hurlant : « Mais putain de bordel de merde, pendant combien de temps on va encore supporter toute cette merde ?». Elle n’en peux plus et nous non plus (au fond, comment va-t-on ? ) … plus