Commentaire de texte ; voyage au bout de la nuit ; louis ferdinand céline ; chapitre 26
Le vingtième siècle est une improbable expérience humaine. Il faut dire que la révolution industrielle avait abondamment achalandé le laboratoire. Du coup les scientifiques se sont mis à cœur joie, ils ont commencé en quatorze par toute sorte de déformations sur le cobaye, ils ont coupé quelques membres à l’aide de shrapnels, percé les cartilages, les côtes, l’humérus, le radius à l’aide de billes de plombs, ils ont aspergé le corps de sulfure de dichlorodiéthyle, regardant sans compassion le coulis de framboise se rependant sur l’inox de la table d’autopsie. L’expérience a néanmoins marché, le patient était toujours vivant. D’autres scientifiques se sont dits : « les hommes sont si nécessairement fou qu’il faudrait être fou par un autre tour de folie de n’être pas fou ». Ils ont donc accouru à ce laboratoire et une recrudescence de manipulations est apparue : certains ont découpé l’encéphale à l’aide d’un marteau, d’autres le centre nerveux avec une faucille et des petits malins ont dessiné un svastika sur le crâne du patient. Ils se sont étonnés que l’organisme fonctionne toujours. Alors ils ont recommencé les déformations sur le cobaye en expérimentant la consomption, la radiation et j’en passe. Le vingtième siècle a libéré un cristal d’irisation aux rayons guerriers, totalitaires, décolonisateurs, mais des rayons souvent pourpres. Les hommes ne se battaient pas pour des terres, des biens, ni pour des religions mais pour des convictions. Ce siècle d’expérience a troublé les hommes, décrit des entailles profondes dans leur cœur. Beaucoup d’écrivains se sont alors interrogé sur la condition humaine et ont montré leur engagement sur ce bouillon d’idéologie telle que Malraux, Eluard, Aragon, Saint-Exupéry. Chez d’autres, le sentiment que l’homme est une bête qui erre sempiternellement dans l’absurdité s’est développée, chez Sartre, Camus et notamment Céline. Dans Voyage au bout de la nuit, récit désenchanté des