Commentaire des cannibales de montaigne(livre1,chap8)
Il ne s’agit pas, dans ce texte, de démonstration : pour Montaigne, l’enjeu n’est pas là. La direction essentielle du texte est comment l’oisiveté a fait écrire un livre à Montaigne. En fait, la fin du texte éclaire la première partie du chapitre sur l’oisiveté : c’est l’oisiveté qui a mené Montaigne à l’écriture. Ce texte surprend : l’expérience de l’auteur ne valide pas la thèse initiale.
Considérations générales sur l’oisiveté (début du texte → fin de la deuxième citation latine)
La phrase initiale est très longue, contient une double comparaison, laquelle est prolongée par une explication : les terres en friche peuvent produire des plantes bien qu’elle ne soient pas ensemencées. Au début de l’extrait, Montaigne parle des fausses couches qui étaient interprétées à l’époque de Montaigne comme une semence inefficace. La matière émane de la femme, la forme de l’homme. Il y a, en bref, passage du concret (friches agricoles) à l’abstrait (les esprits). Le début de notre texte fait allusion à la Genèse : Montaigne se place du côté de la stérilité, bien loin de l’idéal. On relève dans cette première partie une ponctuation abondante et des citations qui interrompent le propos de l’auteur. Montaigne finit par récapituler sous la forme de sentence. La comparaison qui s’allonge surprend le lecteur : il y a retardement de la délivrance du sens ; les citations sont aussi des détours. On relève la référence aux semina dicendi ("les semences du discours") : la semence est le sujet du texte (ici, l’oisiveté) — le texte se développe à partir de la semence ; semina dicendi a aussi pour sens "citation".
→ Le texte parle de son propre fonctionnement. Le loisir est une image dépréciée de l’oisiveté ; Montaigne explicite un jugement de valeur sur l’oisiveté : "inutiles", "bride", "contreigne", "desreiglez".
Un témoignage personnel : un récit de vocation
Il y a un paradoxe : Montaigne se situe en anti-modèle. On relève la