L'Assommoir, roman d'Emile Zola, est considéré comme l'un des plus grands romans naturalistes. Septième livre du cycle des Rougon-Macquart, entamé dès 1868 par Zola, il a été publié en 1876 en feuilleton est est paru en 1877 en livre. Zola mets en scène Gervaise Macquart, une blanchisseuse, qui sombre dans l'alcool. Ce roman, qui bâtit un portrait de la classe ouvrière, a été bien accueilli par la public, mais attaqué et dénigré par la critique. L'extrait proposé se situe peu après le début du chapitre VI : il donne à voir Goujet, le forgeron, dans une description de lui au travail; il permet de faire le portrait d'un ouvrier modèle et de caractériser Goujet, personnage important dans l'Assommoir, amoureux de Gervaise. Nous nous demanderons donc comment le portrait de Goujet en action acquiert une dimension mythique. Pour ce faire, nous étudierons ce portrait, en remarquant tout d'abord que c'est celui d'un excellent ouvrier décrit selon les principes du naturalisme. Par la suite, nous verrons que ce portrait est chargé de symboles qui dépassent les principes stricts du naturalisme.

Dans son portrait, Zola dépeint un ouvrier virtuose : une description naturaliste qui n'empêche pas l'auteur de porter un jugement positif sur son personnage. Ce passage est tout d'abord décrit de manière naturaliste. En effet, on a affaire au thème récurrent du naturalisme : le milieu ouvrier. On pourra relever le champ lexical du travail qui se rapporte à ce milieu : « marteau », « coups », « travail ». De plus, l'action de Goujet est décrite de manière précise et scientifique, donnant à voir le véritable travail qu’accomplissaient les ouvriers en ce temps-là, comme le montre le passage « ils s'enfonçaient dans le fer rouge, sur la tête du boulon, avec une science réfléchie, d'abord écrasant le métal au milieu, puis le modelant par une série de coups » : ces termes techniques renvoyant au monde de la forge montrent un souci du détail et une documentation de la part de