corpus
Textes :
Texte A : Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal ou Le Roman de Perceval, XIIème siècle (1181 ?)
Texte B : Eugène Fromentin, Dominique, 1862.
Texte C : Eric Holder, Mademoiselle Chambon, 1996.
Texte A : Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal ou Le Roman de Perceval, XIIème siècle (1181?).
[Le Conte du Graal ou Le Roman de Perceval est un des premiers romans de la littérature française. Il raconte les aventures du jeune chevalier Perceval qui a rencontré une merveilleuse jeune fille nommée Blanchefleur. Le voici loin d'elle.]
Au matin la neige était bien tombée, car la contrée était très froide. Perceval, au petit jour, s’était levé comme à son habitude, car il était en quête et en attente d’aventures et d’exploits chevaleresques. Il vint droit à la prairie gelée et enneigée où campait l’armée du roi. Mais avant qu’il arrive aux tentes, voici venir un vol groupé d’oies sauvages que la neige avait éblouies. Il les a vues et entendues, car elles fuyaient à grand bruit devant un faucon qui fondait sur elles d’un seul trait. Il atteignit à toute vitesse l’une d’elles, qui s’était détachée des autres. Il l’a heurtée et frappée si fort qu’il l’a abattue au sol. Mais il était trop matin et il repartit sans plus daigner se joindre ni s’attacher à elle.
Perceval cependant pique des deux, dans la direction où il avait vu le vol. L’oie était blessée au col. Elle saigna trois gouttes de sang, qui se répandirent sur le blanc. On eût dit une couleur naturelle. L’oie n’avait tant de douleur ni de mal qu’il lui fallût rester à terre. Le temps qu’il y soit parvenu, elle s’était déjà envolée.
Quand Perceval vit la neige qui était foulée, là ou s’était couchée l’oie, et le sang qui apparaissait autour, il s’appuya sur sa lance pour regarder cette ressemblance. Car le sang et la neige ensemble sont à la ressemblance de la couleur fraîche qui est au visage de son amie. Tout à