De la parole au silence et du silence à la parole
J’aurais pu, consécutivement à la phrase rituelle que je viens de prononcer, me taire pendant trois minutes et conclure par l’autre phrase rituelle : « vénérable maître j’ai dit ». Par cet acte je passais simplement de la parole au silence et du silence à la parole. Ce n’est pas en croyant faire de l’esprit que l’apprenti que je suis justifiera son travail et méritera son salaire. C’eût été aussi à mon sens une forme d’irrespect et de manquement à l’égard de l’engagement pris devant vous lors de mon initiation.
Je vais axer mes propos dans deux directions, la première plus générique abordera le sujet sous l’angle de la définition et de l’interprétation des mots, la seconde tentera de placer la parabole de l’énoncé de cette planche dans l’univers maçonnique. C’est étonnant d’ailleurs de remarquer qu’étymologiquement le mot parole est tiré du latin parabola qui veut dire faculté naturelle de parler, que le mot silence vient du latin silentium se taire, s’abstenir de parler et que le mot parabole, du grec parabolé, signifie comparaison.
L’utilisation des sons, puis des mots, qui en fait sont des symboles permettant à l’homme de communiquer avec ses semblables et de transmettre un savoir ou une culture s’est faite lentement et progressivement. Les scientifiques situent l’apparition de la parole à plus d’un million d’années en même temps que l’acquisition par l’espèce humaine de la station debout, cette évolution morphologique provoquant l’abaissement du larynx.
A la naissance l’être humain n’a pas la connaissance des mots, il acquiert le langage par un apprentissage qui consiste à reproduire des sons codifiés, entendus dès son plus jeune âge et que son entourage s’évertue à lui faire répéter. Il ne connaît pas non plus le silence, le fœtus perçoit les vibrations de sa mère et tous les sons de l’entourage, lors de la délivrance il émet un son