De la racialisation du sexisme au sexisme identitaire
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DE LA RACIALISATION DU SEXISME AU SEXISME IDENTITAIRE
Au cours des deux dernières décennies, les relations entre les sexes parmi les migrants du Maghreb et leurs enfants français ont régulièrement attiré l’attention : les “affaires” de mariages forcés, de crimes d’honneur et du voile ont tour à tour été médiatisées. Avec la récente focalisation sur les viols collectifs, les pratiques sexistes dans “les quartiers” ont à nouveau dominé l’actualité politique et médiatique. Ces pratiques furent insérées dans les débats sur la “délinquance”, “l’insécurité” et sur “l’intégration des jeunes issus de l’immigration”, débats qui marquèrent les campagnes électorales lancées début 2001 pour les municipales, la présidentielle, puis les législatives de 2002. Suite aux a ttentats du 11 septembre 2001 commis aux États-Unis, la question de la sécurité intérieure a été reformulée en France à partir de la “menace” réelle ou supposée de l’islam pratiqué par les jeunes issus de l’immigration maghrébine. Les débats aboutirent au renforcement du vote d’extrême droite le 21 avril 2002, puis au durcissement de la politique sécuritaire. En avril 2003, lors du rassemblement de l’Union des organisations islamiques de France au Bourget, Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, déclara que les femmes musulmanes devaient figurer dévoilées sur leur carte d’identité. Une troisième “affaire du voile” prit alors le relais de l’indignation déclenchée par les “tournantes” et de la peur générée par les attentats. Le voile porté par certaines jeunes femmes fut alors médiatiquement érigé en signe de la progression d’un islam intégriste, particulièrement sexiste, promu par des pères et des frères auxquels elles seraient intégralement soumises. Cette interprétation déboucha le 15 mars 2004 sur le vote de la loi interdisant le port de signes religieux à l’école. Ainsi, les violences des hommes envers les femmes au sein de ce groupe minoritaire