DEMOCRATIE
On considère, en général, qu'il s'agit du Pouvoir, c'est à dire des pouvoirs politiques institués, aux mains du Gouvernement élu par le Peuple, et qui sont définis par la Constitution et les lois de l'Etat... et on en reste à une conception de la démocratie limitée à la "chose" qu'on en a faite.
Or, de la même façon que la qualité de la démocratie dépend de la conception qu'on a du peuple souverain – sont-ce les gens de chair et de sang ou bien l'entité théorique Peuple ? –, elle dépend fondamentalement de ce qu'on inscrit ou exclut dans les pouvoirs de gouvernement qui donnent un contenu concret au principe de souveraineté populaire.
Objectivement, les pouvoirs de gouvernement qui comptent sont tous ceux qui ont une importance réelle sur la conduite de la société et les conditions de vie de la majorité des gens, et non pas seulement ceux qui constituent, constitutionnellement, le Pouvoir central des Etats. Quel est, en effet, le pouvoir réel du peuple d'une république africaine de droit constitutionnel français, qui n'a pas le pouvoir d'exploiter ses matières premières, celui de les transformer, ni d'éduquer, nourrir, soigner correctement ses enfants ? Quel est, encore, celui du peuple d'un pays où des clans armés sont plus puissants que la Force publique, même s'il peut, en droit, voter des lois sur le maintien de l'ordre et la sécurité ? L'un comme l'autre, n'ont que des pouvoirs de principe et non de fait, des droits non suivis d'effet.